16 septembre 2011 Affréteur/voleur cela rime
16/09/2011 | Économie
La même offre proposée à 780 ou 380 euros

Heureusement que l'homme est passionné par son travail. Sans quoi, certaines pratiques de ses confrères auraient vite fait de l'écoeurer. Récemment, Pierre Dumont, affréteur dans une PME de transport en Provence, est approché par un client qui lui propose de prendre un lot de 6m80 plancher à Montpellier pour Le Havre. Ce qu'il propose sur la bourse de fret pour 780 euros. "Nous sommes transporteur, nous ne faisons que 3% de notre chiffre d'affaires en affrètement, et là-dessus on aurait pris une marge de 40 à 50 euros", nous explique-t-il. Seulement voilà, il n'est visiblement pas le seul vers qui le client se soit tourné pour lui demander de prendre ce trajet.
Des tarifs suicidaires
Et d'autres étaient prêts à le prendre pour bien moins que cela. "J'ai retrouvé mon lot sur la bourse proposé pour 380 euros." Il appelle pour vérifier et s'entend justifier ce prix : "Mais pour ce marché-là, il y a de la concurrence." "Comment peut-on proposer un tel prix ?", s'interroge-t-il. "Qu'un client fasse jouer la concurrence, rien de plus normal. Une différence de quelques dizaines d'euros, on aurait compris." Mais 400 euros ! "Cela m'a mis hors de moi." Evidemment, il n'a pas eu le marché et ne sait pas à quel prix est finalement partie la marchandise. D'ailleurs, il ne souhaite pas avoir de contact avec son client pour le moment, tant il est en colère. Mais pas question pour autant de se laisser embarquer dans cette politique du moins disant. "Je ne veux pas rentrer dans ce jeu-là. Nous avons une réputation à respecter. Pas question de s'amuser à casser les prix."
Les clients ne sont pas à 200 euros près
Il est fâché contre les affréteurs qui proposent de tels prix, mais aussi contre ses confrères transporteurs qui les acceptent. "A ce prix-là, on perd forcément de l'argent. Est-ce que les affréteurs ont des voitures électriques pour qu'ils ignorent que le gazole est à 1,4 euro le litre ?", ironise-t-il. Il regrette que les contrôleurs ne s'attaquent pas au problème du dumping tarifaire. "Je n'ai pas connaissance d'un seul cas d'entreprise condamnée pour dumping." Alors cela continue. Il souhaiterait que les DRE soient un peu moins regardantes sur les disques des chauffeurs et un peu plus sur les prix qu'acceptent certains transporteurs, et rappelle que la vente à perte est interdite. Il appelle ses confrères à faire preuve d'un peu plus de bon sens. "Quand un client à des produits à forte valeur ajoutée à transporter, il n'est pas rare que l'on en ait pour 100.000 euros de marchandises dans nos camions, dans ces cas-là, les transporteurs doivent avoir conscience que leurs clients ne sont pas à 200 euros près sur leur prix de transport."
Il travaille sans compter
Voir ses confrères accepter n'importe quel tarif l'agace d'autant plus que cela met en danger les entreprises qui, comme celle dans laquelle il travaille, essayent de vivre correctement de leur métier. Même si cela implique de ne pas être regardant sur les heures de travail. Bien que salarié, Pierre travaille sans compter. Et sans se plaindre. Il annonce avec fierté ne pas avoir pris de congés depuis dix-huit mois ! Et ce pour un salaire mensuel de 2.500 euros. Ce qu'entre deux coups de téléphone à des chauffeurs ou des clients, il justifie par son amour du métier. "Mon père était dans le transport, mon grand-père aussi. Ce métier, je suis né dedans !"
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